Proposition du CCEM
Liste des objets proposés pour le Musée de l'histoire de l'immigration par des femmes philippines anciennes victimes de traite des êtres humains à des fins d'exploitation par le travail et accompagnées par le Comité Contre l'Esclavage Moderne (CCEM)
Le Comité Contre l’Esclavage Moderne (CCEM) combat depuis 1994 toutes les formes de traite des êtres humains à des fins d’exploitation par le travail, notamment domestique. Il apporte une assistance sociale et juridique aux victimes dans toute la France et dénonce ces situations partout dans le monde. Il a pour missions l’identification des victimes, leur protection et leur accompagnement psycho-social et juridique, la sensibilisation des publics, ainsi que le plaidoyer auprès des décideurs politiques.
A l’occasion de l’exposition Migrations Asiatiques au Musée de l’Histoire de l’Immigration, le Comité a transmis l’appel à participation de l’exposition et ainsi rassemblé plusieurs objets appartenant à des femmes philippines actuellement ou anciennement accompagnées par le CCEM et résidant en Île-de-France. Ces objets ne prennent du sens que dans le contexte du parcours de la victime d’esclavage moderne.
The Committee Against Modern Slavery (CCEM) has been combating all forms of human trafficking for the purpose of labor exploitation, particularly domestic labor, since 1994. It provides social and legal assistance to victims throughout France and denounces such situations worldwide. Its missions include identifying victims, providing protection and psycho-social and legal support, raising awareness among the public, and advocating with policymakers.
On the occasion of the Asian Migrations exhibition at the Museum of Immigration History, the Committee disseminated a call for participation in the exhibition and thus gathered several objects belonging to Filipino women currently or formerly assisted by the CCEM and residing in Île-de-France. These objects only make sense within the context of the modern slavery victim's journey.
Uniforme de travail de Madame A. lorsqu'elle était en exploitation.
“Cet uniforme signifie pour moi est que je travaillerai dur dans la vie parce que peu importe les difficultés et même si je ne veux pas le porter, je serai obligée de le faire, parce que c'est l'un des moyens de réaliser mon rêve d'offrir une belle vie à ma famille. Cet uniforme m'a donné le courage d'être plus patiente et plus courageuse pour affronter la vie de tous les jours." Souvent les femmes philippines nous parlent du port de l'uniforme comme de quelque chose de négatif et contraint. Ici, l'uniforme a pour Madame une représentation double : à la fois la dureté de ses conditions de travail et ses espoirs d'une vie meilleure pour elle et sa famille.
"The meaning of this uniform to me is that I will work hard in life because no matter the difficulties, and even if I don't want to wear it, I will be obliged to do so, because it is one of the ways to achieve my dream of providing a better life for my family. This uniform has given me the courage to be more patient and courageous in facing everyday life." Often, Filipino women speak to us about wearing the uniform as something negative and constraining. Here, the uniform holds a dual representation for Madame: both the harshness of her working conditions and her hopes for a better life for herself and her family.
Carte d'embarquement du premier vol (avec escale à Oman) vers les Philippines de Madame R, six ans après son départ.
Vue de la proposition exposée dans l'exposition Immigrations est et sud-est asiatiques depuis 1860 au Musée national de l’histoire de l’immigration. (10 octobre 2023-25 février 2024)
Madame R. a choisi la carte d'embarquement de son premier vol vers les Philippines depuis qu'elle a quitté son pays il y a 6 ans. Elle part travailler à Singapour où elle fait la rencontre d'employeurs français, qui l'ont faite venir d'abord en Normandie puis en région parisienne. Ces derniers refusant de la régulariser et de respecter la promesse de faire venir ses enfants en France pour des vacances, elle n'a pas pu retourner voir ses proches. Elle a été régularisée par le CCEM suite à sa fuite et son dépôt de plainte et a été ainsi capable de retourner aux Philippines. "J'ai choisi ma carte d'embarquement parce que c'est la première fois que je vois ma famille depuis que je suis arrivée en France, il y a presque 6 ans."
Madame R. chose the boarding pass for her first flight to the Philippines since she left her country 6 years ago. She is leaving to work in Singapore where she met French employers, who initially brought her to Normandy and then to the Paris region. These employers refused to regularize her status and to fulfill the promise of bringing her children to France for a vacation, thus preventing her from returning to see her loved ones. She was regularized by CCEM following her escape and filing a complaint, enabling her to return to the Philippines. "I chose my boarding pass because it's the first time I'll see my family since I arrived in France almost 6 years ago."
Paire de ballerine de Madame R.
Madame R. a fui le domicile où résidaient ses employeurs à Paris en glissant le long d'une corde pliée en deux et passée autour du garde-fou d'une fenêtre au 6ème étage. Du fait de la longueur de la corde, elle a dû se laisser tomber sur la terrasse du 1er étage avant de pouvoir installer le même mécanisme entre le 1er étage et le rez-de-chaussée. Dans sa chute, elle s'est fracturé une jambe et le bassin. Une femme rencontrée dans l'avion jusqu'à Paris (ses employeurs l'ayant fait voyager en classe économique ne pouvaient pas contrôler avec qui elle parlait) lui avait donné son numéro de téléphone et avait accepté de venir la chercher au pied de l'immeuble. Elle l'a conduite à l'hôpital immédiatement après la fuite. Madame a passé plusieurs mois à l'hôpital et en rééducation. "Ces chaussures symbolisent ma liberté vis-à-vis de mon employeur et ce sont les premières choses que j'ai acheté après être sortie de l'hôpital et avoir fait de la rééducation. Je me sens libre. (...)"
Madame R. fled the residence where her employers lived in Paris by sliding down a rope folded in half and passed around the railing of a window on the 6th floor. Due to the length of the rope, she had to drop herself onto the terrace of the 1st floor before being able to set up the same mechanism between the 1st floor and the ground floor. In her fall, she fractured a leg and her pelvis. A woman she met on the plane to Paris (her employers, having made her travel in economy class, couldn't control who she talked to) had given her phone number and agreed to pick her up at the foot of the building. She immediately took her to the hospital after the escape. Madame spent several months in the hospital and in rehabilitation. "These shoes symbolize my freedom from my employer, and they are the first things I bought after leaving the hospital and completing rehabilitation. I feel free..."
Document de "demande d'autorisation de travail pour travailleur détaché", adressée à l'OFII
Vue de la proposition exposée dans l'exposition Immigrations est et sud-est asiatiques depuis 1860 au Musée national de l’histoire de l’immigration. (10 octobre 2023-25 février 2024)
"Ce sont les choses que j'ai emportées avec moi lorsque j'ai fui mes anciens employeurs." Les exploiteurs de Madame M. (couple de diplomates) ont procédé à sa régularisation auprès des autorités françaises. Pour cela, ils l'ont déclaré à hauteur de 1400€, en falsifiant les documents de demande, puisque Madame ne touchait qu'env. 300€/mois. A réception de son titre de séjour, elle a dû suivre les cours de français obligatoires de l'OFII. Cette nouvelle "vie sociale" lui a permis pour la première fois de se confier en dehors du foyer de ses employeurs et ce sont des agents de l'OFII et une compatriote qui suivait les cours qui ont compris sa situation et l'ont orientée vers le CCEM. Comme Madame n'avait jamais ses propres documents/papiers entre ses mains, elle n'était même pas au courant qu'elle possédait un titre de séjour et pensait être en situation irrégulière en France.
"These are the things I took with me when I fled from my former employers." Madame M's exploiters (a diplomat couple) arranged for her regularization with the French authorities. To do this, they declared her income at €1400, falsifying the application documents, even though Madame only earned approximately €300 per month. Upon receiving her residency permit, she had to attend mandatory French language courses at OFII. This new "social life" allowed her to confide in others outside of her employers' home for the first time, and it was the OFII agents and a fellow countrywoman attending the courses who understood her situation and directed her to CCEM. Since Madame never had her own documents in her hands, she wasn't even aware she possessed a residency permit and believed she was in an irregular situation in France.
Vue de la proposition exposée dans l'exposition Immigrations est et sud-est asiatiques depuis 1860 au Musée national de l’histoire de l’immigration. (10 octobre 2023-25 février 2024)
Barrette rouge et bible de Madame Z.
Ces objets étaient avec Zita lorsqu'elle traverse l'Europe pour arriver en France à 31 ans. Elle portait cette barrette dans ses cheveux et lisait sa Bible de poche lorsqu'elle était en centre de rétention en Hongrie. Ces souvenirs sont importants pour elle car il lui rappelle à quel point le recrutement illégal de personne peut mettre en danger ses victimes ! "Portant ma barrette, et tenant mon sac serré contre moi lorsque j'ai dû traverser une rivière à pied sans même que je ne sache nager. Comment puis-je oublier ces jours ? Et si j'étais morte et que ma famille n'aurait jamais pu me revoir..."
These objects were with Zita when she crossed Europe to arrive in France at the age of 31. She wore this hair clip in her hair and read her pocket Bible when she was in a detention center in Hungary. These memories are important to her because they remind her of how illegal recruitment of individuals can endanger its victims! "Wearing my hair clip, and holding my bag tightly against me when I had to cross a river on foot without even knowing how to swim. How can I forget those days? What if I had died and my family would never have seen me again..."
Livre de prière de poche de Madame V.
"Ce livre de prières de poche m'a été remis au tout début de mon voyage en tant que travailleuse philippine à l'étranger. C'est mon remède contre le mal du pays, les difficultés que je rencontre au travail et avec mon employeur, la tristesse et la solitude... A chaque fois que je me suis sentie seule, que ma famille me manque, que j'ai des difficultés dans mon travail, que j'ai des malentendus avec mon employeur... J'ai pris ce livre de prières de poche et j'ai prié pour être guidée et j'ai demandé à Dieu et à Mère Marie la force de tout surmonter et de tout surpasser." En 2018, les exploiteurs de V. chez qui elle travaille depuis 2003 emménagent en France pour des raisons professionnelles. En 2022, des témoins de la situation signalent ses conditions de travail à l'ambassade des Philippines. Mis au courant, ses patrons la renvoient. Elle est alors aidée par une association de philippines en France qui la renvoie vers le CCEM.
"This pocket prayer book was given to me at the very beginning of my journey as a Filipino worker abroad. It's my remedy for homesickness, the difficulties I face at work and with my employer, the sadness, and the loneliness... Every time I've felt alone, missing my family, encountering challenges at work, having misunderstandings with my employer... I've taken this pocket prayer book and prayed to be guided and asked God and Mother Mary for the strength to overcome and surpass everything." In 2018, V.'s exploiters, with whom she has been working since 2003, move to France for professional reasons. In 2022, witnesses to the situation report her working conditions to the Philippine embassy. Informed of this, her employers dismiss her. She is then helped by a Filipino association in France which refers her to the CCEM.
Caddie rouge appartenant aux exploiteurs de Madame B. et sa collègue.
"Lors de mon évasion de l'hôtel où logeait mon employeur, moi et ma collègue étions très inquiètes de savoir comment nous pourrions quitter l'hôtel sans que quelqu'un ne nous remarque... Nous avons utilisé ce caddie pour échapper à notre employeur. Nous étions enregistrés à l'hôtel, il y a donc des réceptionnistes et des agents de sécurité qui peuvent vérifier et demander où nous allons à chaque fois. Alors nous avons fait semblant de sortir pour acheter des provisions. En bas, nous mettions certains de nos vêtements et en haut, nous mettions du pain pour couvrir nos vêtements afin qu'ils ne se doutent pas que nous allions nous échapper ce jour-là." - Madame B.
"During my escape from the hotel where my employer was staying, my colleague and I were very worried about how we could leave the hotel without anyone noticing us... We used this trolley to escape from our employer. We were registered at the hotel, so there are receptionists and security guards who can check and ask where we are going every time. So we pretended to go out to buy groceries. Downstairs, we put on some of our clothes, and upstairs, we put bread on top to cover our clothes so they wouldn't suspect that we were going to escape that day." - Madame B.
Sac à main et chapelet de Madame J.
"C'est ce que je portais quand je me suis enfuie, mon sac et ce chapelet. Si j'ai un problème ou que je dois sortir, je porte toujours ce chapelet sur moi. J'ai vécu de très mauvaises expériences mais ce chapelet est mon confort et ma force. Il est très important pour moi." J., femme philippine ancienne victime d’exploitation domestique, elle s’enfuie en juin 2018 en faisant semblant d’aller jeter les poubelles.
"This is what I was wearing when I escaped, my bag and this rosary. If I have a problem or need to go out, I always carry this rosary with me. I've had very bad experiences, but this rosary is my comfort and strength. It's very important to me." J., a former victim of domestic exploitation from the Philippines, escaped in June 2018 by pretending to take out the trash.
T-shirt acheté par les employeurs de Madame L. avant l'arrivée en France
"C'est un t-shirt que mon patron m'a offert lorsque je travaillais encore avec lui à Dubaï. Ce t-shirt me rappelle les moments où j'ai échappé à mon patron et où j'ai choisi de rester ici pendant nos [leurs] vacances à Paris." L, femme philippine ancienne victime d'exploitation domestique, elle s'échappe durant l'été 2019.
"This is a t-shirt that my boss gave me when I was still working with him in Dubai. This t-shirt reminds me of the moments when I escaped from my boss and when I chose to stay here during our vacation in Paris." L, a former victim of domestic exploitation from the Philippines, escaped during the summer of 2019.
Photo d'un bateau de plaisance prise par Madame A.
Madame A. a pris cette photo d'un bateau de plaisance lorsqu'elle s'est retrouvée en errance dans Paris après s'être enfuie du domicile de ses employeurs. Arrivée par hasard au bord de la Seine, elle passe 2 jours et 2 nuits à côté de ce bateau, jusqu'à ce qu'une personne lui parle et la dirige vers le CCEM. La photo qu'elle prend du bateau est pour elle l'illustration de ce souvenir douloureux. Madame a gardé la photo dans son téléphone portable toutes ces années. "Cette photo est vraiment très précieuse pour moi."
Madame A. took this photo of a pleasure boat when she found herself wandering in Paris after escaping from her employers' home. Arriving by chance along the Seine, she spends 2 days and 2 nights next to this boat until someone speaks to her and directs her to the CCEM. The photo she takes of the boat is for her the illustration of this painful memory. Madame has kept the photo on her cell phone all these years. "This photo is really very precious to me."
Un pantalon, une montre et une trousse de toilette offerts par l'employeuse de Madame L. au début de son exploitation.
Madame L. a travaillé près de 12 ans au Liban. Sur les récentes années, elle a accompagné ses employeurs en France, où ils sont propriétaires d'une maison. Pendant les premières années, Madame étaient très attachées à ses employeurs, avant que progressivement la situation ne se dégrade et que ses conditions de travail s'empirent. "Ce sont les seules choses que je peux partager avec vous de mon ancien employeur [et] qu'elle m'a donné en 2014. Je ne pensais pas qu'ils allaient changer de comportement et empirer lorsque nous sommes arrivés ici à Paris. C'est triste de penser que j'ai passé 12 ans avec eux soudainement comme ça… Que Dieu nous bénisse tous. Et à vous tous de l'association CCEM, que Dieu vous bénisse toujours (…) Je vous remercie de tout cœur." Ce type de cadeaux participent à placer les personnes victimes de traite dans une posture ambivalente, où elles ressentent à la fois de la peur et de la soumission vis-à-vis de leurs employeurs, tout en se sentant redevables et reconnaissantes à leur égard. Cette ambivalence accentue la détresse psychologique et aggrave la situation d'emprise.
Madame L. worked for nearly 12 years in Lebanon. In recent years, she accompanied her employers to France, where they own a house. During the early years, Madame was very attached to her employers, before gradually the situation deteriorated, and her working conditions worsened. "These are the only things I can share with you from my former employer, which she gave me in 2014. I didn't think they would change their behavior and worsen when we arrived here in Paris. It's sad to think that I spent 12 years with them suddenly like this... May God bless us all. And to all of you at the CCEM association, may God bless you always (...) I thank you from the bottom of my heart." These types of gifts contribute to placing trafficked persons in an ambivalent position, where they feel both fear and submission towards their employers, while also feeling indebted and grateful to them. This ambivalence exacerbates psychological distress and worsens the situation of control.
Veste verte et casquette de Madame M.
Madame M. a travaillé plusieurs années pour une famille originaire du Golfe et qui possédait une maison de vacances à Cannes. Lors de leur dernière venue en 2022, ne supportant plus sa situation, elle a décidé de s'enfuir depuis la zone d'embarquement de l'aéroport de Nice, seul moment où elle savait qu'elle disposerait de son passeport. Elle s'est changée en cachette dans les toilettes dans des vêtements peu connus de ses employeurs puis a cherché de l'aide autour d'elle, jusqu'à ce que les agents de la Police Aux Frontières soient alertés et la mettent en sécurité. « Je m'appelle M., ces vêtements étaient primordiales pour moi lorsque j'ai échappé à mon employeur à l'aéroport. Je devais me changer et cacher mes affaires afin qu'elle ne puisse pas me reconnaître. J'ai donc approché rapidement la police de l'aéroport pour qu'elle m'aide alors que je tremblais et la police m'a aidée à cacher toutes mes affaires. J'avais tellement peur mais mon cœur était plein de joie quand la police a dit que j'étais libre »
Madame M. worked for several years for a family from the Gulf region who owned a vacation home in Cannes. During their last visit in 2022, unable to bear her situation any longer, she decided to flee from the boarding area of Nice Airport, the only moment when she knew she would have her passport. She changed secretly in the restroom into clothes unfamiliar to her employers and then sought help around her until Border Police officers were alerted and ensured her safety. "My name is M., these clothes were crucial for me when I escaped from my employer at the airport. I had to change and hide my belongings so she couldn't recognize me. So, I quickly approached the airport police for help while trembling, and the police helped me hide all my belongings. I was so scared, but my heart was full of joy when the police said I was free."
Jeu de clés d'un petit cadenas aujourd'hui égaré et petite bouteille de parfum de Madame V.
V. est exploitée pendant 1 an et demi par une famille au Moyen-Orient. En août 2022, ils sont en France pour passer des vacances, c'est à ce moment-là qu'elle décide de fuir son exploitation en quittant secrètement l'hôtel. "Ces deux objets me rappellent beaucoup de souvenirs que j'ai vécus à Riyad en Arabie Saoudite. La clé, dont j'ai déjà perdu le cadenas, m'accompagnait toujours lors de nos voyages avec mon employeur pour garder mes affaires privées à l'intérieur de mes sacs, car la dame vérifiait toujours mes affaires sans me demander mon avis et mettait parfois leurs affaires à l'intérieur de mon sac. L'autre est l'Arabian Oud, parfum que j'ai trouvé dans la poubelle et que mon employeur avait jeté avec d'autres choses. Je l'ai pris parce que je n'avais pas les moyens de m'acheter un parfum. Et c'est ce parfum que j'utilise aujourd'hui car je peux enfin sortir librement ! Ces deux choses me rappellent le genre de vie que j'avais avant. J'ai essayé de protéger mes affaires, même si c'était compliqué, et j'ai pris quelque chose dans la poubelle que je pouvais encore utiliser..."
V. was exploited for a year and a half by a family in the Middle East. In August 2022, they were in France for a vacation, and it was at that moment that she decided to escape her exploitation by secretly leaving the hotel. "These two objects remind me of many memories I experienced in Riyadh, Saudi Arabia. The key, of which I have already lost the lock, always accompanied me during our trips with my employer to keep my private belongings inside my bags because the lady always checked my belongings without asking for my permission and sometimes put their belongings inside my bag. The other is the Arabian Oud, a perfume that I found in the trash and that my employer had thrown away with other things. I took it because I couldn't afford to buy perfume. And it is this perfume that I use today because I can finally go out freely! These two things remind me of the kind of life I had before. I tried to protect my belongings, even if it was complicated, and I took something from the trash that I could still use..."
Paire de baskets de Madame E.
Madame E. a fui ses employeurs durant l'été 2022 lors d'un séjour à Disney Land Paris, après que ces derniers se soient montrés particulièrement agressifs en public. Elle avait reçu l'aide des employés d'un restaurant où ils déjeunaient. "Cette paire de chaussure m'a marqué car c'est celle que j'ai portée lorsque j'ai fui mon exploitation. Je les ai achetées en Arabie Saoudite à une amie qui travaillait chez les amis de mes employeurs. Je les portais tout le temps lorsque nous sommes venus à Paris. C'est aussi ce que j'avais quand mes exploiteurs ont voulu me faire mal dans le restaurant et que j'ai pris la fuite."
Madame E. fled from her employers during the summer of 2022 while on a trip to Disneyland Paris, after they showed particularly aggressive behavior in public. She received help from employees at a restaurant where they were having lunch. "This pair of shoes is memorable to me because it's what I wore when I escaped my exploitation. I bought them in Saudi Arabia from a friend who worked for my employers' friends. I wore them all the time when we came to Paris. It's also what I had on when my exploiters wanted to harm me in the restaurant, and I ran away."